Histoire : la première influenceuse s’appelait Agnès Sorel

Vêtements, bijoux, soins du corps, Agnès Sorel a marqué son époque par sa beauté et orienté les modes depuis sa résidence de Loches en Touraine. La maîtresse du roi Charles VII savait également se créer un réseau.

Pascal Dubrisay pose au Logis royal de Loches devant la copie du tableau de Jean Fouquet, peint pour l’église de Melun. Le tableau original est au musée d’Anvers.

Un destin extraordinaire : née dans une famille assez modeste, Agnès Sorel a accédé au XVe siècle à la richesse, aux honneurs et aux cercles du pouvoir. Avant d’exercer son influence autour d’elle à la cour du roi Charles VII.

Voilà l’histoire que raconte Pascal Dubrisay, dans “Agnès Sorel, Dame de Beauté”. L’auteur va présenter son ouvrage au public au Marché de Noël du livre, les 18 et 19 décembre 2021 à Loches (Touraine).

Agnès Sorel a eu un parcours extraordinaire. Elle a démarré comme demoiselle d’honneur d’Isabelle d’Anjou, elle avait entre 15 et 17 ans. Elle aurait dû en rester là.

Pascal Dubrisay

Une rencontre fatale avec le roi de France

Une rencontre familiale banale va changer la vie de la jeune Agnès Sorel : Isabelle d’Anjou retrouve à Saumur sa soeur, Marie, épouse de Charles VII.
Agnès est présente en tant que demoiselle d’honneur d’Isabelle d’Anjou.

Charles VII aperçoit Agnès Sorel. Tous les témoins notent qu’il la repère et ne la quitte pas du regard. Il n’écoute plus ce qui se dit autour de lui.

Pascal Dubrisay

Au XVIe siècle, le roi de France a tout pouvoir et, de plus, il représente Dieu sur terre. Qui peut vraiment lui résister ?
Charles VII fait organiser le transfert d’Agnès Sorel auprès de Marie d’Anjou ; il courtise la jeune fille… Celle-ci finit par tomber dans ses bras.

Agnès Sorel influenceuse

Charles VII n’est pas un Adonis, il faut le dire. Agnès Sorel, dont la beauté surpasse toutes les jeunes femmes autour d’elle, va tout d’abord redonner confiance à cet amant peu sûr de lui.
Grâce au roi qui la couvre de cadeaux, elle lance la mode de vêtements nouveaux, des robes rebrodées de pierres, ou plus seyantes, comme la robe à la gourgandine que l’on pouvait délacer devant…

Elle épile ses sourcils et son front. Avec son front haut, rehaussé du hénin ou de petits bonnets bordés de fourrure, ses yeux mis en valeur, ses cheveux blonds, sa beauté est reconnue de toutes parts y compris par le Pape…

Dans toute la chrétienté, n’y avait princesse si hautement parée…

Un témoin de l’époque d’Agnès Sorel

Elle réunit autour d’elle les amis influents qu’elle connaissait avant sa rencontre avec Charles VII. Jacques Coeur, par exemple, dont les activités de commerce et de banque, en font un homme puissant. Il importe des tissus, bijoux, fourrures, perles. Le roi Charles VII peut parer Agnès Sorel comme aucune maîtresse royale ne l’a été.

Six années de bonheur

Ce faste et ce bonheur, associés à la paix, ne durent que six ans.
Pascal Dubrisay raconte la fin tragique d’Agnès Sorel. Depuis les recherches menées à partir de Loches en 2004, on sait qu’elle a succombé à une dose excessive de mercure. Tant de beauté et de talents avait sans doute suscité des jalousies.

Il ne reste de la Dame de Beauté que quelques tableaux, dont celui que Jean Fouquet a peint après sa mort, et son gisant à la collégiale de Loches.
Le château de Beauté-sur-Marne, que Charles VII lui avait offert, et qui lui vaut le nom de Dame de Beauté, n’existe plus. Dans son testament, elle a restitué à la couronne royale tous les bijoux et biens que son amant lui avait offerts.

A lire : Agnès Sorel, Dame de Beauté, par Pascal Dubrisay, éd. Hugues de Chivré.