L’historien Christophe Meunier analyse la réussite sociale de Fernand Raoul-Duval, un bourgeois du XIXe siècle. Une partie de sa vie et de son activité se déroulent à Genillé (Indre-et-Loire).

Comment Fernand Raoul-Duval s’est-il hissé parmi les grandes fortunes du Second Empire ? Telle est la question à laquelle l’historien Christophe Meunier répond dans son livre « Fernand Raoul-Duval, bourgeois, gentleman farmer« .
De plus, l’écrivain consacre un large chapitre aux activités de Fernand Raoul-Duval en Touraine. Non seulement le jeune homme exploite un immense domaine agricole autour du château de Marolles, à Genillé (Indre-et-Loire) mais il est à l’avant-garde de l’agriculture du XIXe siècle.
Imitant les moeurs des familles aristocratiques, Fernand Raoul-Duval fait de Marolles un lieu de vie sociale intense, entre réceptions et chasses.
Pourquoi avez-vous choisi d’étudier la vie de Fernand Raoul-Duval ?
Christophe Meunier : Fernand Raoul-Duval est le dernier opus d’une trilogie qui comprend Michel de Marolles et Adam Fumée. Ces trois hommes ont accédé au pouvoir et à l’argent.
Comment Fernand Raoul-Duval est-il parvenu au sommet de la société du XIXe siècle ?
Le père de Fernand Raoul-Duval, magistrat, appartient à la petite bourgeoisie picarde.
C’est pourquoi il place ses enfants là où ils pourront accéder à un meilleur statut.
L’aîné choisit la politique ; Fernand devient ingénieur. À l’époque, l’école des Mines est la voie royale.
Ajoutons que Fernand est très clairvoyant sur le monde qui l’entoure.
Aux Mines, il accomplit son voyage d’étude en Angleterre. Ce pays est en pleine révolution industrielle, et en avance sur la France.
Alors, le jeune étudiant observe tout : les mines, les constructions… Il s’émerveille et il prend des notes.
Dès sa sortie de l’école, il travaille dans des mines de charbon en France, puis de pyrite en Espagne avant de revenir en France.
Les études sont-elles son seul tremplin ?
Non, en effet, le mariage propulse aussi Fernand vers les hauteurs.
Car Fernand Raoul-Duval épouse Henriette Dassier en 1861. Le père de la mariée, Auguste Dassier, est un banquier d’origine suisse.
Un événement change le cours de la vie des Raoul-Duval : les deux parents d’Henriette décèdent tous deux brutalement en 1862.
De ce fait, en 1863, Fernand Raoul-Duval se retrouve à la tête d’une grande fortune venant de sa belle-famille.
Outre un portefeuille d’actions, sa femme hérite du domaine de Marolles à Genillé (Indre-et-Loire). Marolles comprend un château et cinq fermes, et s’étend sur environ 1 000 hectares.
Comment développe-t-il sa fortune ?
Fernand Raoul-Duval émarge dans plusieurs conseils d’administration, ce qui assure un confortable train de vie au couple. Les Raoul-Duval vivent comme les grandes familles fortunées.
Ils passent l’hiver dans leur hôtel particulier de la rue François Ier à Paris et la belle saison en Touraine à Marolles. La vie mondaine y est intense entre les réceptions et les chasses…
Le domaine de Marolles se distingue aussi…
À Marolles, Fernand Raoul-Duval applique les principes de l’industrie à l’agriculture.
Pour commencer, il regroupe les terres.
Puis il teste de nouvelles activités dans la ferme la plus proche du château. Et si le test est concluant, il étend cette activité aux cinq autres fermes. Il développe ainsi la vigne, l’élevage…
Cette exploitation est très moderne pour l’époque. Voilà pourquoi Fernand Raoul-Duval reçoit la visite du président de la République Mac-Mahon à Marolles en 1877.
Fernand Raoul-Duval – bourgeois, gentleman farmer par Christophe Meunier. Aux Éditions Hugues de Chivré, 20€. Christophe Meunier dédicace au Marché de Noël du livre, à Loches les 13 et 14 décembre 2025.