Comprendre les cris et appels de la vénerie

Avec « À beau bruit », Pierre Lecoeur nous fait pénétrer dans le langage parlé de la vénerie, un univers où homme et chiens se parlent en confiance. Un livre savoureux.

Pierre Lecoeur, à l’affût des sons de la chasse, nous fait pénétrer dans le langage sonore de la vénerie.

« La chasse est sans doute l’un derniers milieux où l’on chante encore », souligne avec enthousiasme Pierre Lecoeur, auteur de « À beau bruit ».

Sensible à tous les sons de la chasse, Pierre Lecoeur nous fait partager « les cris et appels » de la vénerie dans son livre « À beau bruit ».

La musique de la chasse

L’ambiance sonore de la vénerie a toujours séduit Pierre Lecoeur.

Ce littéraire qui a grandi en lisière de forêt d’Orléans a affuté son oreille au son des trompes et au langage des piqueux.

« Dans la chasse, les cris du piqueux et des veneurs sont bien articulés, cadencés. Et les mots sont codifiés ».

Pierre Lecoeur

« Dans les traités de vénerie, il y a des lexiques », expose Pierre Lecoeur. « Mais on parle peu de la langue utilisée avec les chiens ».

Rappelons que la vénerie se pratique en équipage avec des chiens de différentes tailles selon les animaux chassés. On peut chasser le cerf, le sanglier mais aussi le lièvre ou le lapin.

La langue évolue

Si l’on s’en tient aux apparences, tout semble figé dans l’univers de la vénerie. Et pourtant, il n’en est rien.

« La langue a beaucoup changé, note Pierre Lecoeur. Des dizaines de termes ont disparu et d’autres ont fait surface.  »

Exemple, servir un animal (lui donner le coup de grâce) est une expression apparue au XIXe siècle.

Les cris et les appels se transmettent par la tradition. D’ailleurs, on est souvent piqueux (responsable des chiens de l’équipage) de père en fils.

L’auteur observe que les chasseurs utilisent les mêmes termes d’une région à l’autre. « Mais chacun y met sa patte, de manière réfléchie ou spontanée ».

Le langage de la confiance

Le langage qu’utilise le piqueux pour conduire les chiens lors de la chasse est plus qu’une convention. Il est le ciment de la confiance qui unit le piqueux à ses chiens.

« Il ne faut pas mentir aux chiens. D’ailleurs, les chiens ont une grande mémoire. Aussi, ils ne suivront pas quelqu’un qui leur a déjà menti, » souligne Pierre Lecoeur.

Et de raconter que des chiens qui ont perdu la trace font spontanément des recherches, comme le ferait le piqueux. Et s’ils font chou blanc, ils vont voir le piqueux comme pour dire : « Alors ? On fait quoi ? »

Toute la chasse pas à pas

Pierre Lecoeur nous plonge dans le déroulement d’une chasse. Pour commencer, il nous donne un aperçu des noms que portent les chiens, et de la façon dont on les hèle comme le très prosaïque « hop, hop, hop ».

La quête, la façon d’attirer l’attention des chiens, l’interprétation des leurs voix, l’attaque, le défaut, le tableau musical… Chaque moment de la chasse possède ses mots, ses cris, ses appels particuliers.

En conclusion, Pierre Lecoeur livre une amusante leçon de savoir-vivre canin :

« Un valet de chiens qui sait vivre a soin de régaler sa meute de quelques fanfares pendant le repas ; c’est un plat de plus qui ne coûte pas cher ».

« À beau bruit – La vénerie à travers cris et appels » de Pierre Lecoeur, aux Éditions Hugues de Chivré. 15 €. L’auteur sera présent au Marché de Noël du livre de Loches les 13 et 14 décembre 2025.