Une trentaine d’églises de Touraine ont perdu leur fonction primitive. Jean-Paul Ragot nous explique pourquoi.

Infatigable curieux et chercheur dans l’âme, Jean-Paul Ragot est un passionné des vieilles pierres. Voilà pourquoi il s’est intéressé aux églises désaffectées de Touraine afin d’élucider la cause de leur abandon.
Aujourd’hui, son livre « Églises collégiales et paroissiales désaffectées en Touraine » nous fait découvrir l’histoire de magnifiques monuments.
L’ouvrage nous invite à nous promener en Indre-et-Loire pour admirer ce qu’il reste de ces très anciennes et parfois puissantes églises.
De plus, Jean-Paul Ragot illustre son enquête dans le temps par ses dessins de chaque monument.
L’église trop loin du château
La construction d’un château est l’un des événements qui peuvent mettre fin à la vie d’une église
« Si l’on construit un château loin du centre du village, la population se déplace auprès du château, car il représente la sécurité. De ce fait, l’église est trop loin, et il faut en construire une autre ».
Jean-Paul Ragot
En exemple, Jean-Paul Ragot cite l’église de Rigny éclipsée après la construction du château d’Ussé, ou encore l’église de Beaumont qui perd son rayonnement quand le château de Montrésor voit le jour.
- À Rigny, l’église d’Ussé, bâtie au XIXe siècle, supplante la belle église du XIIe siècle.
- À Montrésor, une petite église paroissiale puis une collégiale entrent en service… L’église de Beaumont perd ses ressources, se dégrade… La commune abandonne le projet de restauration envisagé en 1935 ; on détruit l’église en 1949. Quelques lambeaux des fresques du XIVe siècle sont sauvés ainsi que la cloche.
Deux communes se réunissent
La fusion de communes va parfois de pair avec l’abandon d’une des églises. C’est ce qui se produit pour l’église de Saint-Georges-sur-Loire quand Rochecorbon absorbe la commune ; de même, quand Villeloin s’unit à Coulangé, l’église de Coulangé est désaffectée.
Des églises victimes de l’Histoire
Parfois, c’est l’Histoire qui fait des victimes.
« Les églises fermées durant la Révolution n’ouvrent pas toutes leurs portes quand on rétablit le culte », remarque Jean-Paul Ragot.
Dans cette mouvance, la commune vend l’église Notre-Dame (ou Sainte-Marie des Echelles) de Preuilly-sur-Claise à un particulier. Elle transfère aussi une de ses cloches dans l’église abbatiale.
La géographie condamne des églises
Illustrant l’adversité de la nature, Jean-Paul Ragot cite le cas de Razines. Ici, la Veude inonde fréquemment l’église. Malheureusement, la majorité des paroissiens se trouve sur l’autre rive, à proximité du presbytère.
Dans cette situation difficile, l’évêque de Poitiers autorise le curé de Razines à officier dans la chapelle de Chargé. Le curé et ses paroissiens évitent ainsi le gué dangereux et les crues.
Tout aussi ingrate est la situation de l’église de Rigny. De fait, posée en fond de vallon, l’église est très humide car la crypte se remplit d’eau quand il pleut…
« Églises collégiales et paroissiales désaffectées en Touraine », textes et dessins de Jean-Paul Ragot, aux Éditions Hugues de Chivré, 17,50€. L’auteur sera présent pour des dédicaces au Marché de Noël du livre de Loches, les 13 et 14 décembre 2025.
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